Le catholicisme au siècle dernier
„Au XXe siècle, l’Église catholique a continué de faire face à des questions séculaires : les vérités éternelles et leurs applications contemporaines, l’unité chrétienne et la diversité inévitable, la parole de Dieu et la réponse de l’humanité. Comme par le passé, ces sujets ont dû être abordés en combinant continuité et innovation : continuité, parce que la vérité, bien qu’elle ne soit jamais définitivement possédée dans cette vie, demeure toujours la même et nous accompagne d’une époque à l’autre ; innovation, parce que – probablement surtout au XXe siècle – est apparue une nouvelle série de réalités temporelles auxquelles personne, catholique ou non, n’avait jamais été confronté dans ces termes. La révolution numérique à elle seule a transformé la culture globale de façons que nous nous efforçons encore de comprendre. Mais une fois ces adversaires disparus, le catholicisme a souvent semblé perdre son identité et devenir difficile à distinguer d’autres activités philanthropiques modernes. C’est un symptôme de ce phénomène que le catholicisme ait réussi contre l’Union soviétique, par exemple, mais ait eu plus de difficulté à s’imposer au sein des sociétés ouvertes en Occident.”C’est par ces mots que Robert Royal introduit son ouvrage récemment traduit en roumain : Une vision plus profonde. La tradition catholique au XXe siècle (trad. Dan Tomuleț, Galaxia Gutenberg, Târgu-Lăpuș, 2024). L’auteur est le fondateur et président du Faith & Reason Institute à Washington, D.C., et rédacteur en chef de The Catholic Thing. Parmi ses livres figurent : 1492 And All That: Political Manipulations of History, Reinventing the American People: Unity and Diversity Today, The Virgin and the Dynamo: The Use and Abuse of Religion in the Environment Debate, Dante Alighieri in the Spiritual Legacy Series, et The Catholic Martyrs of the Twentieth Century: A Comprehensive Global History, The Pope’s Army, The God That Did Not Fail, Columbus and the Crisis of the West.

Le XXe siècle et le catholicisme en mutation / Source : Archives Credo ergo sum
Il est titulaire d’une licence et d’un master de l’Université Brown ainsi que d’un doctorat en littérature comparée de l’Université catholique d’Amérique.
Il a enseigné à l'Université Brown, au Rhode Island College et à l'Université catholique d'Amérique. Il a obtenu des bourses d'études en Italie de la Renaissance Society of America (1977) ainsi qu'une bourse Fulbright (1978). De 1980 à 1982, il a été rédacteur en chef de la revue Prospect à Princeton, New Jersey.
Une œuvre en deux parties – Foi et raison ; Croyance et culture – sert de véritable guide pour le passé récent et l’avenir. Les chapitres sont structurés de manière à nous plonger dans l’atmosphère d’avant le Concile Vatican II, pendant le Concile et après sa clôture. Nous découvrons ainsi la renaissance thomiste et son influence sur le monde catholique des premières décennies du XXe siècle. Jacques Maritain, Yves Simon et Étienne Gilson sont les principaux protagonistes de cette époque – philosophes et théologiens à la fois – véritables témoins de la pensée de Thomas d’Aquin. La phénoménologie entre également en scène (avec Edmund Husserl), trois de ses défenseurs les plus brillants étant aussi des chrétiens fervents : Adolf Reinach, Dietrich von Hildebrand et Edith Stein. Nous assistons ensuite aux turbulences des années 1960, avec MacIntyre au premier plan, ainsi qu’à la quête du moi moderne avec Charles Taylor.
À l’approche du Concile Vatican II et immédiatement après, dans un contexte de plus en plus défavorable, Romano Guardini, Marie-Dominique Chenu, Yves Congar et Henri de Lubac formulent également leurs réponses. Après le Concile, le catholicisme est marqué par l’influence de Karl Rahner (« L’Église véritable »), Hans Urs von Balthasar (« Dieu est son propre exégète ») et Joseph Ratzinger. S’ensuit le mouvement biblique, avec sa beauté et son érudition, pour finalement découvrir la renaissance littéraire catholique. Enfin, après un aperçu de la situation particulière de la France, l’auteur esquisse avec une érudition maximale le défi « bigarré » des dernières décennies, tout en laissant entrevoir une note d’espoir pour l’avenir.

Le XXe siècle et le catholicisme en mutation / Source : Archives Credo ergo sum
Un volume de plus de 550 pages où nous ne découvrons pas seulement la rigueur d’un esprit éclairé et exhaustif, mais aussi le talent littéraire de l’auteur. Il n’est pas nécessaire d’être théologien pour le lire avec plaisir. De même que le catholicisme moderne a été harcelé par des mouvements contre-culturels, tentant avec plus ou moins de succès de s’adapter, ces pages parviennent à capturer l’ensemble de l’agitation. Rien n’était simple, rien n’était définitif.
Tout semble être un combat qui n’est pas encore terminé, une tension idéologique qui ne peut inspirer qu’admiration.
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